En entrant dans le pôle photo, les premières images que l’on a sous les yeux, ce sont celles de Mélisse. Elle nous offre une jolie série de quatre photos, quatre instants capturés qu’elle décide de nous partager, avec cette légende :
Ces quelques clichés, accompagnés de leur légende, m’ont instantanément frappé. C’est l’exemple même d’une simplicité efficace et qui va droit au but, tout en poésie. Cette silhouette, qui se détache sur fond de paysage urbain, puis se fond peu à peu dans le décor avant d’y disparaître complètement, porte en elle la sincérité nue de nos vies simples. Elle est une représentation magistrale de la banalité, que j’ai trouvé mille fois plus touchante encore que n’aurait pu l’être un enchevêtrement compliqué, une composition si complexe qu’on en oublie le sujet d’origine. Après tout, l’essence même de la photographie est de capturer un instant que l’on juge digne de mémoire. Cette jeune fille, prise à contre-jour, dont la forme s’estompe peu à peu, représente pour moi l’enveloppement dans cet écoulement, ce glissement du temps qui passe, et la disparition inéluctable de ces instants que l’on juge trop banals pour s’en souvenir.
Pourtant, pourquoi rechigner à montrer dans l’art la simplicité de nos vies quotidiennes ?
C’est ici ce que réussit à faire la jeune photographe, figeant cet instant simple, mais loin d’être banal. En nous souvenant de cette scène, qui aurait du disparaître dans la masse, nous piratons un instant le cours du temps. Sous l’œil de l’artiste, le banal devient beau, et nous spectateurs, nous surprenons à trouver du plaisir dans la contemplation de cet entre deux.
Noémie Genaud
